Déclaration du Conseil  national
 Crise financière :  la CFDT interpelle le gouvernement et le patronat
 Les salariés sont déstabilisés  par la crise et inquiets de ses conséquences pour leur emploi, leur  pouvoir d’achat, leur protection sociale.
 Cette crise qui secoue  le secteur bancaire et financier mondial, est d’abord celle du capitalisme  financier. Celui-ci a imposé ses règles à l’ensemble de l’économie,  en exigeant des rentabilités à deux chiffres alors que la croissance  mondiale était de l’ordre de 5% en moyenne. Tout un système s’est  mis en place pour soutenir cette logique : nouvelles normes comptables  évaluant l’entreprise à la valeur du marché, agences de notation  centrées sur les seuls critères financiers, gouvernance d’entreprise  centrée sur les objectifs des actionnaires excluant les autres parties  prenantes (salariés, consommateurs) ainsi que les questions environnementales.  Cette recherche de profit maximum pour l’actionnaire a modifié les  relations sociales et a renforcé l’individualisation des droits sociaux  (salaires, temps de travail...).
 La libéralisation complète  des mouvements de capitaux, au nom de « l’autorégulation » du marché,  la recherche du profit à court terme, l’aveuglement des autorités  et des agences de notation financière sont autant de causes qui relèvent  bien plus de responsabilités structurelles du « système », que de  responsabilités individuelles. La création de richesses n’a pas  bénéficié à tous, de nouvelles inégalités se sont créées entre  les pays et en leur sein.
 Lors de son congrès  de Grenoble en 2006, la CFDT a souligné  « le poids croissant de la capitalisation boursière et de l’internationalisation  financière [...]. Cette financiarisation de l’entreprise déplace  sa fonction dans la mesure où, pour l’actionnaire, la priorité  donnée au profit et à la rentabilité  à court terme ignore l’activité  de l’entreprise, sa finalité et son devenir. Cette situation se caractérise  principalement par une compression du coût du travail et du pouvoir  d’achat ».  La crise d’aujourd’hui confirme cette analyse.  Les conséquences de cette logique financière sur l’emploi et sur  la situation de nombreux salariés sont intolérables. 
 Cette crise a provoqué  la réaction des autorités politiques. Au niveau européen, sous l’impulsion  de la présidence française, le politique a commencé à reprendre  le pas sur le financier. La CFDT s’en félicite. Cela n’exonère  en rien les gouvernements de leur responsabilité quant à la dérive  financière dont la crise est le résultat. 
 Des réponses doivent  être apportées pour favoriser une croissance durable.
 La CFDT attend du gouvernement  qu’il déploie la même énergie pour traiter les questions économiques  et sociales qu’il ne l’a fait pour sauver le système financier. 
 En effet le ralentissement  économique déjà présent depuis plusieurs mois se poursuit et amplifie  les difficultés des entreprises : plans sociaux, licenciements, fins  de missions d’intérim, conséquences sur les sous-traitants. 
 Alors que la France et  toutes les économies occidentales entrent en récession, des actions  doivent être engagées à plusieurs niveaux. 
 - Au niveau européen et    international
 
 Au-delà des engagements  pris lors de la réunion du 12 octobre de l’Euro-groupe et par le  Conseil européen du 15 octobre, la CFDT entend voir se concrétiser  rapidement :
 - une harmonisation des réglementations    bancaires et financières, un meilleur contrôle des agences de notation    financière et la création d’une instance de supervision du système    financier européen,
 
 - des mesures d’harmonisation    de la fiscalité des entreprises dans l’Union européenne  qui    intègrent également des changements profonds quant aux paradis fiscaux    et au dumping fiscal intra-européen,
 
 - l’accélération de l’intégration    européenne pour soutenir la croissance par un plan de relance budgétaire    de niveau européen pour investir dans la recherche, l’innovation,    l’université et la formation, les transports durables.
 
 Le terrain des échanges  économiques est mondial. Des espaces de définition des politiques  et de régulation économique et sociale doivent être construits à  cette échelle. La CFDT se prononce pour que l’Europe porte fortement  les exigences :
 - d’une refonte des normes    comptables internationales qui prenne en compte la nécessité d’un    fonctionnement économique échappant aux seules politiques de court    terme,
 
 - d’une réforme du système    bancaire et financier international et de ses institutions de régulation    et de supervision (FMI, Banque mondiale...) répondant aux enjeux de    la mondialisation d’aujourd’hui.
 
 Cette crise mondiale  majeure met en évidence qu’une croissance durable doit intégrer  les trois dimensions économique, sociale et environnementale. 
 La mobilisation de l’ensemble  des acteurs favorables à la construction d’outils de régulation  au service d’une économie plus juste est indispensable. La CFDT y  contribuera tant au plan national qu’au sein des organisations syndicales  internationales – CES, CSI – dont elle est membre. 
 
 Au niveau national
 Le rôle des partenaires  sociaux et la place accordée au dialogue social doivent être renforcés.  C’est l’unique moyen de faire valoir les intérêts des salariés  face à la logique financière ;
 - L’investissement dans l’élévation    des qualifications des salariés, dans la recherche et l’innovation,    est une des conditions essentielles pour positionner l’économie française    sur des créneaux répondant à la demande mondiale. Les entreprises    doivent réorienter leur stratégie dans ce sens plutôt que de tout    miser sur la baisse du coût du travail comme elles le font depuis vingt    ans.
 
 - La CFDT a la volonté que    les trois négociations – GPEC, formation professionnelle et assurance    chômage – apportent  des réponses concrètes en matière de sécurisation    des parcours professionnels ; elle attend du patronat qu’il assume    sa responsabilité en participant à la construction de ces réponses. 
 
 - La CFDT attend des entreprises    qu’elles s’engagent à renverser la prépondérance croissante de    l’individualisation des salaires et à réduire les écarts salariaux.
 
 Les réformes structurelles  ne peuvent être acceptées que si elles sont équitables et si les  citoyens en perçoivent l’efficacité. 
 - La politique fiscale doit    être révisée pour la rendre plus redistributive. Dans l’immédiat,    la CFDT demande :
 
 - la suppression du bouclier    fiscal, mesure qui avantage principalement les plus riches de nos concitoyens ; 
 
- une révision des exonérations    de cotisations sociales sur les heures supplémentaires pour en finir    avec leurs effets négatifs sur l’emploi. ;
 - un redéploiement des exonérations    générales de cotisations sociales en faveur de l’emploi, notamment    des seniors et des jeunes, et en direction de la recherche et de l’innovation.
 
 - Le budget de l’Etat doit    être revu et prioritairement orienté vers les secteurs déterminants    pour le dynamisme de notre économie : emploi, logement, politique de    la ville, développement durable.
 
 - Les missions de l’Etat doivent    être redéfinies en intégrant son rôle de régulation de l’économie,    ce qui s’oppose à une diminution comptable du nombre de fonctionnaires.
 
 Le Conseil national appelle  les organisations CFDT à faire connaître ces propositions et à se  mobiliser avec les salariés et les retraités confrontés aux conséquences  de la crise. 
 Cette mobilisation pour  le respect des salariés prend toute sa place dans la campagne prud’hommes  sur le pouvoir d’achat, la sécurisation des parcours professionnels  et les conditions de travail.