samedi 25 octobre 2008

Il attend toujours le nouveau port de commerce :

Il attend toujours le nouveau port de commerce

Hubert O'Neill est sceptique sur le transfert du port de commerce vers la gare maritime et l'ouverture du tunnel de Kerino : « Cela fait dix ans que j'entends parler de ce projet et je ne vois rien venir. »  Hubert O'Neill est sceptique sur le transfert du port de commerce vers la gare maritime et l'ouverture du tunnel de Kerino : « Cela fait dix ans que j'entends parler de ce projet et je ne vois rien venir. »

Vie maritime. Patron de TMC, Hubert O'Neill est inquiet. Le cargo qu'il fait construire aurades difficultés si les quais du nouveau port de commerce ne sont pas réalisés d'ici un an.

Douze ans après avoir fondé Transport Maritime Côtier, les affaires vont bien pour cette société puisque vous faites actuellement construire un nouveau bateau et vous aurez ainsi complètement renouvelé votre flotte ?

En cette période de morosité, je dois être un chef d'entreprise qui se démarque car, en effet, TMC se porte bien avec un résultat financier croissant de 13,5 % et un trafic en augmentation de 80 000 tonnes par an transportées principalement depuis les ports de Vannes et Lorient vers Belle-Ile et Groix.

C'est la même situation pour notre filiale sénégalaise qui travaille entre Dakar et Zinginchor, en Casamance : là-bas, nous avons investi dans deux caboteurs neufs et nous allons en remplacer un par un plus grand de 1 000 tonnes, acheté d'occasion en Norvège.

Mais notre grand chantier est actuellement la construction d'un nouveau bateau, Guedel 3, identique au Taillefer 3 réalisé en 2004. Ce sera un cargo neuf de 600 tonnes dont les travaux ont démarré en septembre au chantier Merré à Nort-sur-Erdre, en Loire-Atlantique. C'est un investissement de 3,5 millions d'euros contre 2,5 millions pour Taillefer 3 voici quatre ans. Il sera opérationnel en novembre 2009 pour remplacer Guedel 2 qui sera affecté à la liaison Les Sables-d'Olonne-Ile d'Yeu.

Deux caboteurs de même taille dans le port de commerce de Vannes, cela ne va pas poser un problème pour l'accostage ?

En effet, il va manquer 30 mètres de quais pour charger les marchandises. Cela fait un an que j'ai alerté le Conseil général, gestionnaire du port de commerce, et la Ville de Vannes, maître d'ouvrage du projet du transfert de ce port en amont vers la gare maritime, que TMC allait connaître des difficultés si de nouveaux quais n'étaient pas réalisés bien avant la construction du tunnel de Kerino. Il nous reste une année pour ne pas arriver à cette situation, mais je suis inquiet.

Vous semblez ne pas vraiment croire à ce projet de transfert ?

Cela fait dix ans que j'entends parler du tunnel de Kerino et du transfert du port de commerce, et je ne vois rien venir. Dans de telles conditions, je commence à ne plus y croire. D'autant plus que les coûts ont augmenté pendant ce temps. En cette période de récession, il faudra trouver un financement pour un projet de tunnel évalué à plus de 25 millions d'euros. Sans compter que plus on attend, plus les normes de sécurité deviennent draconiennes pour un tel ouvrage. Tant et si bien que tous les véhicules ne pourront pas y transiter et l'on sera alors contraint de garder le pont en fonction.

D'autant plus que je constate (et je suis installé aux premières loges) que celui-ci semble ne plus connaître de panne avec une meilleure gestion depuis ces dernières années et que sa fermeture à la circulation routière ne gêne finalement qu'aux heures de pointe et durant l'été.

Dans de telles conditions, le port de Vannes reste-t-il pour vous le bon site pour approvisionner les îles ?

De Vannes ou de Lorient, le temps de navigation reste le même (trois heures) pour Belle-Ile. Le port de Vannes est intéressant car il est situé en ville, à proximité des entreprises du bâtiment, agricoles et de services qui constituent les domaines pour lesquels nous transportons le plus de marchandises. Il faut toutefois nous adapter aux horaires des marées pour accéder à nos quais.

La vraie difficulté est la concurrence déloyale qui est pratiquée par le service public. Le récent changement de prestataire n'a rien modifié vers Groix, Belle-Ile, Houat et Hoedic, malgré les promesses du Conseil général responsable de ces liaisons : des matériaux de construction continuent de passer dans des camions frigorifiques à des tarifs inférieurs aux nôtres car ils sont soutenus par la collectivité départementale. La concurrence est donc faussée mais nous continuons de lutter.

Malgré également le récent arrêté du nouveau maire du Palais qui interdit au Guedel d'accoster car le déchargement de sa cargaison engendrerait un trafic de poids lourds traversant la ville. Or, ce trafic existe déjà avec les camions descendant des navires de Véolia. Là encore, il y a deux poids deux mesures pour protéger le service public.

Recueilli par

Patrick CERTAIN.

Ouest-France

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