mardi 7 avril 2009

Butler Capital : Patron voyou et scandale d'État

Un examen approfondi des comptes de Veolia indique le montant de la transaction passée pour racheter les parts de Butler, 73 millions d'euros, pour un investissement, il y a deux ans à peine, de 13 millions d'euros. Soit 60 millions de gains en deux ans, cinq fois la mise de départ ! Tout ça à l'heure où la Bourse s'est effondrée de moitié !
On sait comment les grandes fortunes se sont construites en Russie sur les ruines de l'Union Soviétique, par le rachat à vil prix des « combinats », ces entreprises d'État totalement ruinées par le système communiste, mais dont la valeur potentielle était largement sous-estimée. C'est exactement le même scenario qui s'est produit en Corse, avec le fonds d'investissement Butler Capital Partners, dont le propriétaire est un certain Walter Butler, « ami proche » de Dominique de Villepin, alors premier ministre.
Il y a deux ans, après bien des vicissitudes, la SNCM, compagnie d'État, a été privatisée au profit de deux investisseurs, Véolia qui a pris en charge son exploitation, et Butler Capital Partners, simple partenaire financier, l'État gardant 25% des parts sous la pression des salariés en grève durant plusieurs semaines. Deux ans plus tard, Véolia reste seul maître à bord en rachetant les parts de Water Butler, un financier parisien spécialisé dans les plus value réalisées dans ce type d'opération.
Jean Marc Raffaelli dans Corse-matin du 4 avril dernier le révèle : un examen approfondi des comptes de Veolia indique le montant de la transaction passée pour racheter les parts de Butler, 73 millions d'euros, pour un investissement, il y a deux ans à peine, de 13 millions d'euros. Soit 60 millions de gains en deux ans, cinq fois la mise de départ ! Tout ça à l'heure où la Bourse s'est effondrée de moitié !
En plus, l'accord signé avec l'État était parfaitement léonin, puisqu'il prévoyait pour les deux investisseurs de pouvoir se retirer sans frais de la SNCM si le marché de la continuité territoriale leur échappait, ou si la Commission Européenne venait à s'opposer aux sommes astronomiques encore mises au pot par l'État dans l'entreprise, 181 millions d'euros, au mépris des règles élémentaires de la concurrence. En gros, ça s'est passé comme dans les courses truquées : votre mise est garantie même si vous avez joué sur le mauvais cheval, mais la course est truquée pour que vous gagniez de toute façon, et, à la fin, c'est le jackpot !
Pour bien mesurer le scandale d'État de cette affaire, il faut se rappeler qu'au départ Butler devait bénéficier de 100% de la reprise, l'offre de Veolia ayant été purement et simplement écartée par le gouvernement lors de l'appel d'offres. Lors du conflit social qui a suivi l'annonce de cette privatisation précipitée et suspecte, la presse a mis en évidence les liens étroits entre ce fameux Butler et le premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin, alors candidat potentiel à l'élection présidentielle. En tant que candidat à la présidence de la République, Dominique de Villepin a eu un comportement qui aujourd'hui encore défraie la chronique judiciaire avec l'affaire Clearstream, ces faux listings de comptes ouverts dans les paradis fiscaux, listings constitués et diffusés pour écarter de la course son principal adversaire Nicolas Sarkozy.
Prêt à tout pour écarter la concurrence, Dominique de Villepin était probablement aussi prêt à tout pour trouver les fonds nécessaires à sa campagne, puisque les financements officiels de l'UMP étaient monopolisés par son rival. On attend en tous les cas avec impatience de voir comment la justice, si prompte à soupçonner les nationalistes pour tout et pour rien, va enquêter sur cette connexion manifeste entre Butler et l'ancien Premier Ministre alors engagé sans retenue dans la course à l'élection présidentielle. Reste un dernier enseignement. Dans l'ambition de promouvoir une compagnie régionale, nous avions demandé que ce soit la CTC, et non l'État, qui reste présente dans le capital à hauteur de 25%. L'Exécutif a aussitôt rejeté la proposition, en protestant contre « l'aventurisme » de cette proposition pour une Collectivité qui « n'avait pas les moyens ». Aujourd'hui, si nous avions été suivis, la CTC aurait fait une plus value de 60 millions d'euros !....

François ALFONSI.
Article tiré d'Arritti à paraître le 9 avril 2009

1 commentaire:

sauzon@gmail.com a dit…

60 millions d'€ de plus-value en 2 ans, c'est mieux que le livret A!
c'est pas la crise chez Véolia? le carnet de chèque est tjs là...