Marc Dufour: «Nous voulons révolutionner les liaisons maritimes de la Corse»
C’est l’engagement que prend Marc Dufour, le
président du directoire de la SNCM. Il annonce aussi que
l’investissement de 800 millions sur la nouvelle flotte de huit cargos
mixtes profitera à l’économie de l’île, Le Conseil d'État a maintenu la délégation de service public mais
le tribunal de l'Union européenne estime que la compagnie a touché des
aides indues de l'État. Vous êtes soumis au régime du chaud et du froid…
Je
suis le premier à regretter l'acharnement juridique de Corsica Ferries.
J'entendais dernièrement Pierre Mattei se faire le défenseur des
deniers publics. Il a oublié de dire à cette occasion que son
acharnement procédurier coûte aussi énormément d'argent, notamment aux
contribuables corses quand il choisit d'attaquer les décisions de la
collectivité territoriale et de l'office des transports. Il y aura
encore de bonnes et de mauvaises nouvelles, mais nous les prendrons
comme elles viendront, avec calme.
Même s'il s'agira de rembourser tout ou partie des 158 millions de la recapitalisation de 2006 ?
C'est un dossier complexe sur lequel nous faisons appel. Le cas échéant, la SNCM, ses actionnaires, ses dirigeants, ses salariés, a toujours montré sa capacité à faire face aux épreuves. Cela me rappelle le Sisyphe d'Albert Camus. Les choses semblent revenir sans fin mais cela ne nous empêche pas de nous transformer en profondeur et de progresser. Et c'est bien là l'essentiel.
La saison n'est pas encore terminée. Nous pressentons des mois de septembre et d'octobre intéressants et nous y travaillons très sérieusement. D'ores et déjà, nous enregistrons une progression de +15 % du nombre de nos passagers en 2012 et de +20 % pour le fret. Nous allons gagner autour de 5 % de parts de marché. C'est la deuxième année consécutive que nous inversons la tendance de la décennie passée. Cela confirme que les choix que nous avons faits sont payants et que nous sommes dans une dynamique de redressement. Je profite de votre tribune pour remercier très sincèrement tous nos clients, passagers et transporteurs de leur confiance.
Certains ont pointé les prix élevés des transports pour expliquer la baisse de la fréquentation…
En ce qui nous concerne, les prix n'ont pas augmenté. Et, à ce sujet aussi, je tiens à réaffirmer que le seul rempart durable et solide contre l'envolée des prix, c'est le service public de continuité territoriale. Là où le service public a disparu, ce sont les clients qui ont trinqué et par voie de conséquence tous ceux qui vivent de l'accueil.
Si l'activité montre un regain de santé, certaines annonces récentes évoqueraient plutôt la grande fragilité de votre actionnariat…
C'est vrai, les discussions entre Veolia et la Caisse des dépôts sur leur présence respective dans la branche transport Veolia-Transdev et les spéculations sur notre place dans ce débat ont alimenté tous les fantasmes. Certains se sont échinés à démontrer que nous étions le grain de sable qui bloquait tout. D'autres ont échafaudé des scénarios dignes des ventes à la découpe. J'ai bien peur que beaucoup d'entre eux aient espéré notre mort sans jamais s'interroger sur les conséquences de leurs propos. La réalité, c'est que Veolia comme l'État sont derrières nous. Le comité stratégique d'engagement de Veolia, présidé par Antoine Frérot, a confirmé dernièrement son plein soutien à notre plan stratégique. Nous ne sommes pas fragiles, n'en déplaise à certains.
Et pourtant, la nouvelle flotte, c'est un des éléments majeurs de notre plan stratégique. C'est une nécessité pour mieux répondre aux besoins de la Corse et une obligation pour faire des gains de productivité et améliorer notre rentabilité. C'est une magnifique opportunité de moderniser et de révolutionner les liaisons maritimes entre la Corse et le Continent. Nos choix technologiques devraient nous permettre de baisser les coûts d'exploitation et d'augmenter considérablement notre efficacité environnementale.
Vu le contexte ambiant, vos actionnaires seraient-ils prêts à mettre la main à la poche ?
Cet investissement important n'appelle pas d'apport financier de la part de nos actionnaires ni de l'État. Il est basé sur un schéma d'exploitation précis et équilibré dans la durée. Nous avons déjà des propositions de financement d'un pool d'investisseurs extérieurs. Il n'a rien d'exotique puisqu'il s'agit d'établissements européens connus et reconnus. Il reste désormais à affiner tout cela.
Du côté de la conception, quinze chantiers navals, à l'échelle mondiale, ont planché sur notre appel à candidatures. Nos équipes en profitent pour définir notre nouvelle manière de naviguer.
Vous parlez d'un appel d'offres mondial, mais le bruit court qu'en réalité, vous seriez enclin à favoriser les chantiers navals de Saint-Nazaire…
Nous n'avons pas encore fait de choix à l'heure qu'il est. Il reste une short-listde quatre chantiers. Ils ne tarderont pas à rendre leur copie, mais le travail n'est pas encore fini et il nécessite une grosse mobilisation des équipes de la compagnie.
Si nous sommes délégataires du service public, les deux premiers bateaux seront lancés dans un délai de deux ans. Ensuite, ce sera à raison de deux tous les six mois environ. Mais je dois aussi aborder la question des retombées économiques pour la Corse. Pour la première fois, nous avons exigé de la part des compétiteurs qu'ils nous proposent des dispositifs industriels et économiques qui profitent directement à la Corse. Dans le cadre de la chaîne de production des navires, de la sous-traitance, il est impératif que l'économie insulaire profite au mieux de notre investissement.
Ce serait sous quelles formes ?
C'est aux chantiers navals d'imaginer ces dispositifs et nous savons qu'ils ont déjà commencé des consultations dans l'Ile pour bâtir des propositions sérieuses.
Cela débouchera sur de nouveaux emplois qualifiés ?
La contribution à la création d'emplois en Corse est une des préoccupations majeures que nous exprime par ailleurs très clairement le président Paul Giacobbi. Nous assurons déjà prés de 42 millions d'euros de retombées directes en Corse chaque année et nous employons à ce jour 650 résidants corses. Nous espérons vraiment pouvoir passer à une nouvelle échelle grâce à cette nouvelle flotte.
Encore faut-il remporter le marché de la prochaine DSP. Vous êtes confiant ?
Je suis d'abord à l'écoute des besoins de la Corse. Ils seront exprimés et confirmés par l'assemblée lors de sa prochaine session. Ils seront ensuite traduits dans le cahier des charges que va réaliser l'office des transports. Mais oui, je suis confiant dans notre capacité à faire une réponse à la hauteur des enjeux et des priorités de la Corse. Tous nos salariés sont sur le pont si j'ose dire. Je reste néanmoins humble et respectueux de la souveraineté de l'assemblée et de l'office. C'est eux et eux seuls qui décident.
Retrouvez l'interview de Pierre Mattei, directeur général de Corsica Ferries, dans l'édition de Corse-Matin du 20 septembre
Même s'il s'agira de rembourser tout ou partie des 158 millions de la recapitalisation de 2006 ?
C'est un dossier complexe sur lequel nous faisons appel. Le cas échéant, la SNCM, ses actionnaires, ses dirigeants, ses salariés, a toujours montré sa capacité à faire face aux épreuves. Cela me rappelle le Sisyphe d'Albert Camus. Les choses semblent revenir sans fin mais cela ne nous empêche pas de nous transformer en profondeur et de progresser. Et c'est bien là l'essentiel.
« Nous ne sommes pas fragiles, n'en déplaise à certains »
Une progression suffisante pour être à contre-courant du bilan très mitigé dressé par les professionnels du tourisme en Corse ?La saison n'est pas encore terminée. Nous pressentons des mois de septembre et d'octobre intéressants et nous y travaillons très sérieusement. D'ores et déjà, nous enregistrons une progression de +15 % du nombre de nos passagers en 2012 et de +20 % pour le fret. Nous allons gagner autour de 5 % de parts de marché. C'est la deuxième année consécutive que nous inversons la tendance de la décennie passée. Cela confirme que les choix que nous avons faits sont payants et que nous sommes dans une dynamique de redressement. Je profite de votre tribune pour remercier très sincèrement tous nos clients, passagers et transporteurs de leur confiance.
Certains ont pointé les prix élevés des transports pour expliquer la baisse de la fréquentation…
En ce qui nous concerne, les prix n'ont pas augmenté. Et, à ce sujet aussi, je tiens à réaffirmer que le seul rempart durable et solide contre l'envolée des prix, c'est le service public de continuité territoriale. Là où le service public a disparu, ce sont les clients qui ont trinqué et par voie de conséquence tous ceux qui vivent de l'accueil.
Si l'activité montre un regain de santé, certaines annonces récentes évoqueraient plutôt la grande fragilité de votre actionnariat…
C'est vrai, les discussions entre Veolia et la Caisse des dépôts sur leur présence respective dans la branche transport Veolia-Transdev et les spéculations sur notre place dans ce débat ont alimenté tous les fantasmes. Certains se sont échinés à démontrer que nous étions le grain de sable qui bloquait tout. D'autres ont échafaudé des scénarios dignes des ventes à la découpe. J'ai bien peur que beaucoup d'entre eux aient espéré notre mort sans jamais s'interroger sur les conséquences de leurs propos. La réalité, c'est que Veolia comme l'État sont derrières nous. Le comité stratégique d'engagement de Veolia, présidé par Antoine Frérot, a confirmé dernièrement son plein soutien à notre plan stratégique. Nous ne sommes pas fragiles, n'en déplaise à certains.
« Une nouvelle flotte pour améliorer notre rentabilité »
Paul-Marie
Bartoli et Paul Giacobbi ne semblent pas vous prendre très au sérieux
quant à l'acquisition par la SNCM de huit nouveaux navires « propres »
pour 800 millions d'euros…Et pourtant, la nouvelle flotte, c'est un des éléments majeurs de notre plan stratégique. C'est une nécessité pour mieux répondre aux besoins de la Corse et une obligation pour faire des gains de productivité et améliorer notre rentabilité. C'est une magnifique opportunité de moderniser et de révolutionner les liaisons maritimes entre la Corse et le Continent. Nos choix technologiques devraient nous permettre de baisser les coûts d'exploitation et d'augmenter considérablement notre efficacité environnementale.
Vu le contexte ambiant, vos actionnaires seraient-ils prêts à mettre la main à la poche ?
Cet investissement important n'appelle pas d'apport financier de la part de nos actionnaires ni de l'État. Il est basé sur un schéma d'exploitation précis et équilibré dans la durée. Nous avons déjà des propositions de financement d'un pool d'investisseurs extérieurs. Il n'a rien d'exotique puisqu'il s'agit d'établissements européens connus et reconnus. Il reste désormais à affiner tout cela.
Du côté de la conception, quinze chantiers navals, à l'échelle mondiale, ont planché sur notre appel à candidatures. Nos équipes en profitent pour définir notre nouvelle manière de naviguer.
Vous parlez d'un appel d'offres mondial, mais le bruit court qu'en réalité, vous seriez enclin à favoriser les chantiers navals de Saint-Nazaire…
Nous n'avons pas encore fait de choix à l'heure qu'il est. Il reste une short-listde quatre chantiers. Ils ne tarderont pas à rendre leur copie, mais le travail n'est pas encore fini et il nécessite une grosse mobilisation des équipes de la compagnie.
« L'économie corse profitera de notre investissement »
Quand ces nouveaux cargos mixtes seront-ils opérationnels ?Si nous sommes délégataires du service public, les deux premiers bateaux seront lancés dans un délai de deux ans. Ensuite, ce sera à raison de deux tous les six mois environ. Mais je dois aussi aborder la question des retombées économiques pour la Corse. Pour la première fois, nous avons exigé de la part des compétiteurs qu'ils nous proposent des dispositifs industriels et économiques qui profitent directement à la Corse. Dans le cadre de la chaîne de production des navires, de la sous-traitance, il est impératif que l'économie insulaire profite au mieux de notre investissement.
Ce serait sous quelles formes ?
C'est aux chantiers navals d'imaginer ces dispositifs et nous savons qu'ils ont déjà commencé des consultations dans l'Ile pour bâtir des propositions sérieuses.
Cela débouchera sur de nouveaux emplois qualifiés ?
La contribution à la création d'emplois en Corse est une des préoccupations majeures que nous exprime par ailleurs très clairement le président Paul Giacobbi. Nous assurons déjà prés de 42 millions d'euros de retombées directes en Corse chaque année et nous employons à ce jour 650 résidants corses. Nous espérons vraiment pouvoir passer à une nouvelle échelle grâce à cette nouvelle flotte.
Encore faut-il remporter le marché de la prochaine DSP. Vous êtes confiant ?
Je suis d'abord à l'écoute des besoins de la Corse. Ils seront exprimés et confirmés par l'assemblée lors de sa prochaine session. Ils seront ensuite traduits dans le cahier des charges que va réaliser l'office des transports. Mais oui, je suis confiant dans notre capacité à faire une réponse à la hauteur des enjeux et des priorités de la Corse. Tous nos salariés sont sur le pont si j'ose dire. Je reste néanmoins humble et respectueux de la souveraineté de l'assemblée et de l'office. C'est eux et eux seuls qui décident.
Retrouvez l'interview de Pierre Mattei, directeur général de Corsica Ferries, dans l'édition de Corse-Matin du 20 septembre
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