mercredi 22 février 2012

Veolia Transdev dans la tourmente VE


Les valeureuses équipes de Veolia-Transdev n’ont pas fini de souffrir. D’abord une fusion peu évidente, il y a trois ans, dont on sait malgré les démentis d’Augustin de Romanet qu’elle fut imposée par les plus hautes autorités de l’Etat; ensuite la modification du pacte d’actionnaires, il y a un an, qui bouleversa le management; puis, en novembre, l’annonce du retrait à terme de Veolia Environnement. Mobilettre a tenu de ces événements une chronique attentive, engagée, réaliste surtout, avec un axe nourri d’une analyse attentive des prises de décision: les enjeux industriels sont passés au second plan, derrière des intérêts financiers, politiques et personnels.
Nous avons annoncé tard ce samedi 18 février, dans notre lettre confidentielle Mobitelex à l’attention de nos abonnés et des médias, le projet d’Henri Proglio de débarquer Antoine Frérot de la présidence de Veolia Environnement, le 29 février prochain, et de le remplacer par Jean-Louis Borloo. Parce que nous étions sûrs de nos sources, bien sûr, mais aussi parce que l’histoire était écrite: Henri Proglio ne resterait pas inerte. Pour croire au redressement du leader mondial des services aux collectivités, il faut aux administrateurs de la confiance: confiance en la stratégie de recentrage d’Antoine Frérot sur trois métiers, confiance en sa capacité à se défaire convenablement des parts de VE dans Veolia Transdev. Henri Proglio n’a pas confiance, ne veut pas accorder sa confiance. Il a décidé de tuer Antoine Frérot.
On pourra poser une énième fois la question des conseils d’administration des grandes entreprises; celle de Veolia Environnement est éloquente et laisse la porte ouverte à toutes les manœuvres parisiennes. On pourra encore et encore dénoncer l’incroyable pouvoir des hommes politiques, qui d’un accord verbal donnent des blancs-seings à des opérations habilement drapées d’ambitions stratégiques – mais au final bassement personnelles. Il faudra surtout se poser la question des dégâts industriels et humains. Pour prendre l’exemple que nous connaissons le mieux, celui de Veolia Transdev, on reste pantois devant la perte de valeur économique de l’entreprise, le saccage de l’image à l’extérieur, le désarroi de ses salariés.
J’ai rencontré fin décembre Jérôme Gallot, assez fâché de la mauvaise réputation faite à son groupe par les chroniques de Mobilettre, mais surtout désireux de montrer que lui et ses équipes avaient reconstruit une identité à Veolia Transdev, que l’imminence d’un nouveau nom allait consacrer. Nous en étions convenus, et plusieurs signes tangibles ces dernières semaines nous laissaient penser qu’il y avait effectivement quelques raisons d’espérer en des jours meilleurs. Pourtant, je n’avais pu m’empêcher de lui dire que d’autres événements pourraient encore doucher son enthousiasme…
Malheureusement, les faits sont têtus: Veolia Environnement n’est pas arrivé au bout de sa crise. Et Veolia Transdev devra encore attendre avant de disposer de la sérénité indispensable à l’exercice de ses métiers. Le 29 février la holding VE aura peut-être une nouvelle gouvernance, mais sa filiale VTD attendra avec impatience qu’elle lui donne la possibilité de voguer vers d’autres horizons. Sans elle.
Gilles Dansart

Aucun commentaire: