La polémique du parachutage de Borloo n'est qu'une des difficultés que rencontre Veolia.
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Au-delà de la rumeur du parachutage de Borloo, le leader mondial de l'environnement s'enfonce dans les difficultés. Sa situation financière s'aggrave et, désormais, le sort de son président est en jeu.
Ce rebondissement met en scène, une fois de plus, l'immixtion du pouvoir politique dans la gestion des principales entreprises françaises, la mobilisation des réseaux et des clans pour s'arroger le pouvoir et se distribuer les postes. Il illustre aussi un trait saillant de la Sarkozie, sa proximité avec les grands patrons, et son irrépressible besoin de tirer les ficelles du capitalisme français.
La crainte de Frérot de ne pas hériter des pleins pouvoirs et du titre de PDG l'a tout simplement paralysé
Les troupes ont perdu confiance
Pour celui qui fut intronisé PDG en décembre 2010, 2011 aurait dû être l'heure de la consécration. Elle a finalement été une annus horribilis: deux avertissements sur résultat en douze mois, des dépréciations d'actifs, la perte d'importants contrats, la découverte d'une fraude massive aux Etats-Unis et, pour finir, l'annonce, le 8 décembre dernier, d'un plan de cessions draconien mais insuffisant. En Bourse, l'action a continué de dévisser: son cours a encore été divisé par deux en 2011. Au siège de l'avenue Kléber, les troupes, inquiètes par la situation désastreuse de l'entreprise, ont perdu confiance. Ces derniers mois, de plus en plus de cadres de la maison rendaient visite en voisin au patron d'EDF, toujours prêt à recevoir ses anciens collaborateurs pour recueillir leurs doléances. Henri Proglio aussi ne cachait plus son inquiétude. En fin d'année, elle a fait place à de la colère lorsqu'il découvre alors le nouveau plan stratégique de son successeur pour sauver la maison. Celui-ci prône la cession de la branche transport et le retrait du groupe d'une quarantaine de pays. Autrement dit, il renie l'héritage et met en relief les erreurs de son prédécesseur.
C'en est trop. Voilà Proglio décidé à évincer son ancien protégé. Selon Libération du 20 février, les manoeuvres étaient en cours. Le quotidien révèle un accord secret "Proglio-Sarkozy", imaginant un putsch: le débarquement d'Antoine Frérot et le parachutage de l'ancien ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo. Qualifié d'"absurde" par le chef de l'Etat, démenti par l'ex-ministre, ce schéma éventé paraît avoir, à présent, du plomb dans l'aile.
Proglio appelle Borloo "mon frère"
Sur le papier, il n'avait pourtant rien d'incongru. Pour au moins trois raisons. Tout d'abord, Proglio et Borloo sont proches. Si proches, que le premier appelle le second "mon frère". Sa fille occuperait d'ailleurs un poste chez Veolia en Asie. Ce plan constituait, de surcroît, un joli retour d'ascenseur à l'égard de Borloo qui a beaucoup oeuvré, il y a deux ans, pour la nomination de Proglio à la tête d'EDF. Dans cette hypothèse, deux dirigeants de haut vol auraient épaulé l'homme politique. Denis Gasquet, actuel directeur général exécutif de Veolia, et un financier aguerri, recruté à l'extérieur. Au PS, Proglio est surnommé "Ne passera pas l'hiver"
A présent, quoi qu'il arrive, ce mauvais feuilleton laissera des traces. Il dessert le chef de l'Etat. Le PS comme l'ensemble des autres partis ont aussitôt dénoncé les "petits arrangements entre amis du Fouquet's", et "un mépris de la République". L'un des grands banquiers de la place qui, dès le 20 février au matin, alertait par SMS le socialiste Michel Sapin, évoque un condensé "de la vengeance publique et politique, des coups bas fomentés par des visiteurs du soir". L'affaire démonétise aussi, en plein lancement de sa campagne, la parole du président. Voilà quelques semaines, au nom d'une République irréprochable, il s'était engagé, lors des voeux aux parlementaires, à ne procéder à aucune nomination à la tête d'une grande entreprise publique avant l'élection présidentielle. Raison de plus pour ne pas se mêler de la gouvernance d'un groupe privé.
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