Alors qu'est étudié le nouvel appel d'offres, la compagnie marseillaise affiche l'image d'une entreprise qui peine à se
Le syndrome SeaFrance guette-t-il la SNCM ? La question se pose avec de plus en plus d'insistance à Marseille, alors qu'un énième bras de fer oppose la CGT et la direction au sujet cette fois de l'ouverture d'une liaison entre Toulon et la Corse. Les marins grévistes qui bloquaient à quai le navire destiné à cette ligne ont été délogés jeudi par les forces de l'ordre après trois semaines d'occupation, mais ils maintiennent la pression. Ils ont appelé samedi à cesser le travail vendredi prochain, date du conseil de surveillance de la SNCM. Dans leur ligne de mire : la compagnie low cost concurrente, Corsica Ferries.
En battant pavillon italien tout en bénéficiant des aides dites sociales de la collectivité corse, lui permettant de pratiquer des tarifs préférentiels pour certaines catégories de passagers au départ de Nice et Toulon, « Corsica Ferries produit de la concurrence déloyale avec un modèle économique et social low cost », dénonce le secrétaire des marins CGT, Frédéric Alpozzo. Le syndicat réclame donc le maintien d'un service public de continuité territoriale dans le transport maritime entre la Corse et le continent et l'adoption d'une loi protectionniste imposant aux navires de travailler en France avec un pavillon français de premier registre qui assujettit tous les armateurs aux mêmes règles sociales et fiscales. L'amendement déposé dans ce sens au Sénat par le groupe communiste a été rejeté en janvier.
Veolia amorce son retrait
Ce nouveau rapport de force tombe au plus mal pour l'armateur marseillais, qui accumule les mauvaises nouvelles depuis un an. Début 2011, un conflit de 47 jours avait secoué la compagnie sur fond de craintes d'un démantèlement. En novembre, après une longue bataille judiciaire, son contrat de délégation de service public (avec la CMN) a été annulé. Puis, en décembre, Veolia, son actionnaire de référence, a amorcé son retrait en annonçant vouloir se recentrer sur ses coeurs de métier.
Dans ce contexte, la bataille pour la nouvelle DSP s'annonce des plus rudes, alors que Corsica Ferries bénéficie désormais aux yeux des Corses d'une meilleure régularité de service et d'une flotte plus moderne et mieux adaptée aux besoins croissants de transport de fret. Si elle veut s'aligner, la SNCM devra débourser pas moins de 800 millions d'euros pour remplacer ses navires, dont plusieurs sont âgés de plus de 25 ans. Ses actionnaires (Transdev-Veolia, l'Etat et les salariés) ont posé comme préalable aux investissements la négociation d'un nouveau pacte social permettant plus de productivité, de souplesse d'exploitation et de fiabilité de service. Aux yeux de certains observateurs corses, l'impossibilité d'ouvrir la ligne Toulon-Bastia dans des conditions normales de discussion est « un nouveau "stress test" qui a montré les limites de la collaboration possible entre la direction et ses salariés. »
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