mardi 18 mai 2010

Le recul de l’âge légal est injuste et insuffisant

Retraites



La Présidence du Conseil d’Orientation des Retraites a publié hier le dossier « Variantes de durée d'assurance et d'âges de la retraite ».



Lors de la séance plénière du COR du 24 mars 2010, la CFDT avait demandé et obtenu que les projections sur le besoin de financement soient dissociées de la publication de ces hypothèses de modification réglementaires, compte-tenu du caractère extrêmement régressif de celles qui avaient été présentées en séance. Par conséquent, ce dossier n’a pas été débattu par le Conseil. Il n’engage donc pas la CFDT.



Trois grandes séries de variantes y sont présentées. On y trouve notamment un scenario de relèvement de l’âge légal de départ de 60 à 65 ans d’ici 2035, tandis que l’âge de départ sans abattement serait relevé de 65 ans à 70 ans. Selon ce dossier, cela permettrait de combler 67 % du besoin de financement de la caisse nationale d’assurance vieillesse en 2030 et 53 % à l’horizon 2050.



Ce document illustre qu’une réponse exclusivement paramétrique à la question des retraites serait totalement insuffisante. Elle serait par ailleurs profondément injuste. En effet, le recul de l’âge légal de départ pénaliserait principalement les salariés ayant commencé à travailler jeunes, car ils seraient contraints de rester plus longtemps en activité même s’ils ont effectué une carrière complète. Un tel recul de l’âge légal serait également injuste pour ceux qui ne sont pas dans l’emploi au moment où ils partent à la retraite : ils devraient rester plus longtemps tributaires de dispositifs de sécurité sociale. Le report de charge sur les autres comptes sociaux serait sans aucun doute très important : le dossier n’évalue pas cet effet, qui relativiserait fortement les économies annoncées.



L’amélioration de l’emploi reste un facteur fondamental pour l’équilibre des retraites. Selon le COR, la crise explique à elle seule près de la moitié du besoin de financement à l’horizon 2020. Quant au Fonds de Réserve des Retraites, il reste insuffisamment alimenté. De nouvelles sources de financement des solidarités restent plus que jamais indispensables.



Pour la CFDT, les retraites ne se résument pas à une équation financière. C’est pourquoi elle appelle à une refondation du système de retraite par répartition, pour mieux le préserver. La retraite est une question de société, qui implique de réduire les inégalités, de renforcer les possibilités de choix individuels, de redonner confiance à toutes les générations.

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Document d’orientation sur les retraites
L’analyse du gouvernement est incomplète


Le document d’orientation sur la réforme des retraites vient d’être
publié par le gouvernement. Il laisse entrevoir des solutions injustes,
sans commune mesure avec les défis posés par le système de retraite.

Pour les pouvoirs publics, la cause du déséquilibre des régimes de
retraite relèverait uniquement de la démographie et impliquerait pour
seule réponse l’augmentation de la durée d’activité.

Pour la CFDT, cette analyse est incomplète. Elle ne prend pas en compte
l’impact de la crise. Or celui-ci est majeur d’ici 2020 et nécessite une
prise en charge par la solidarité nationale.

Parmi les réponses esquissées par le document gouvernemental, on trouve
l’hypothèse d’un recul de l’âge légal de départ en retraite. Cela
pénaliserait ceux qui ont commencé à travailler jeunes et ceux qui sont
hors de l’emploi au moment où ils prennent leur retraite.

Les mécanismes de solidarité sont envisagés de manière étroite,sans
perspective d’amélioration pour les salariés ayant cotisé à plusieurs
régimes de retraite, sans approche globale des inégalités au détriment
des femmes, sans garantie sur le mode de reconnaissance de la
pénibilité.

La mise en place d’une contribution supplémentaire sur les hauts revenus
et les revenus du capital constitue un signe positif. On ne peut que se
satisfaire de son exclusion du bouclier fiscal. La CFDT sera attentive à
ce qu’il ne s’agisse pas uniquement d’une mesure symbolique.

Le gouvernement développe une approche comptable et limitée de la
réforme des retraites, qui écarte une remise en question plus générale
du système et prendrait à bras le corps les questions des inégalités et
du financement, seules à même de redonner confiance aux jeunes
générations.

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