vendredi 25 février 2011

Hommage à Philippe Deruy

CMA CGM : Vive émotion après le suicide du commandant Deruy









21/02/2011





C'est demain, 22 février, que se dérouleront à Nice les obsèques du commandant Philippe Deruy. L'officier, qui commandait le porte-conteneurs CMA CGM Lapérouse lorsque celui-ci est entré en collision avec un caboteur, le 23 décembre au large des Pays-Bas, a décidé de mettre fin à ses jours lundi dernier. Dans un courriel rédigé juste avant de se donner la mort, le commandant Deruy (qui laisse derrière lui une compagne et deux enfants), explique qu'il ne supporte plus la situation : « Je n'ai plus d'avenir et cela m'est insupportable », écrit-il. L'annonce du décès de l'officier a provoqué une très vive émotion au sein des personnels de la compagnie. Les syndicats estiment que le « débarquement » du capitaine, après l'accident et alors qu'il n'était pas de quart au moment des faits, était « injustifié ». Pour la CFDT, qui rappelle que ses « qualités professionnelles ont permis de sauver le CMA CGM La Traviata en octobre 2008 lorsque ce navire s'est retrouvé en position plus que critique », « la faute commise ne lui incombe pas ». Les syndicats déplorent la manière dont l'affaire a été gérée et réclament le départ du directeur général délégué de CMA Ships, considéré comme « seul responsable de la décision de débarquer » le commandant Deruy. Ils souhaitent, également, que « toutes les mesures soient prises pour qu'un tel drame ne se reproduise pas ».



« il n'a jamais été question de l'écarter »



Au siège de CMA CGM, on parle de « consternation » suite au décès de Philippe Deruy. « C'est un drame brutal qui nous émeut profondément. Il y a beaucoup de douleur et d'émotion. Nous sommes actuellement focalisés sur la famille du commandant Deruy pour laquelle nous avons mis en place un accompagnement humain et matériel. Une cellule d'écoute psychologique a également été mise en place pour accompagner les personnels », explique le directeur des ressources humaines de CMA CGM. Thierry Billon, qui avait rencontré Philippe Deruy le 9 février, explique ne rien avoir perçu de la détresse de l'officier. « Je ne me serais jamais douté d'une situation pareille », confie-t-il. Selon le DRH de la compagnie, après l'accident du mois de décembre, « il n'a jamais été question de l'écarter ». Alors que l'officier explique dans son courriel qu'il n'a « plus d'avenir », Thierry Billon affirme que des propositions professionnelles lui ont été faites : « Il n'a pas été licencié. En attendant les résultats des enquêtes internes et externes, nous lui avions demandé de venir à terre pour remplir des missions. Il était notamment question qu'il s'occupe du simulateur, à Marseille, qu'il travaille sur la sélection des officiers ou sur la gestion des situations de crise, dont il avait l'expérience ». Au siège de CMA CGM, on s'interroge donc, tout en étant très clair : « L'entreprise assumera toutes ses responsabilités. C'est la première fois que cela arrive mais il faut faire en sorte qu'un tel drame ne se reproduise pas. Avec le CHSCT, nous allons prendre des mesures sur l'accompagnement et le suivi des navigants. Ceux-ci se sentent peut être, en raison de l'éloignement géographique et de leur rythme d'activité, écartés de l'entreprise. Il faut initier un rapprochement et renforcer la proximité ». Enfin, même si on se refuse, au siège de la compagnie, à incriminer le dirigeant jugé responsable par les syndicats, on laisse entendre qu'une réorganisation pourrait intervenir chez CMA Ships.

3 commentaires:

Claude Huchet a dit…

Cellule de ceci cellule de cela,

Enquête interne, enquête externe, mesures d’accompagnement des navigants…

Où est l’époque où, comme le Commandant défendait son équipage, l’armateur défendait ses Commandants ?

Claude Huchet.

Etienne Ronssin a dit…

Les circonstances qui ont amené le Cdt Deruy a mettre fin à ses jours font malheureusement partie du quotidien du personnel sédentaire de la CMA, et je pourrais vous en citer beaucoup. J'en resterai à mon expérience personnelle: après leur avoir refusé un accord amiable de départ, ils ont tout fait pour me contraindre à démissionner. J'ai eu chance de ne pas sombrer comme l'a fait le cdt Deruy, mais y ai songé plusieurs fois. Bilan: deux années de dépression nerveuse, un divorce extrèmement difficile, puis un licenciement pour inaptitude médicale, après 34 années d'un parcours professionnel sans faute.

Etienne Ronssin

sauzon@gmail.com a dit…

Merci Étienne pour ce témoignage .
je vous souhaite plein de Courage.
Yann Roullé.
Elu personnel d'exécution CFDT au CE Compagnie Océane.