mardi 9 novembre 2010

Le bien-être des marins a un coût !



Les marins en escale peuvent compter sur le dévouement de Marin'Accueil. Ici, Emmanuelle Trocadéro, entourée de Charlie Walter (secrétaire de l'association, à gauche) et Hervé Le Badézet, bénévoles.
Les marins en escale peuvent compter sur le dévouement de Marin'Accueil. Ici, Emmanuelle Trocadéro, entourée de Charlie Walter (secrétaire de l'association, à gauche) et Hervé Le Badézet, bénévoles.

Depuis vingt-deux ans, Marin'Accueil accueille les équipages du monde entier dont les navires font escaleà Kergroise. L'association jongle en permanence avec son maigre budget.
3 500 marins chaque année ! S'il n'y avait qu'un chiffre à retenir pour marquer l'importance de Marin'Accueil, ce serait bien celui-là. Emmanuelle Trocadéro, la directrice, et les bénévoles s'activent sans compter pour accueillir les équipages du monde entier. Un sacerdoce, presque.

Marin'Accueil, c'est plein de chaleur humaine, c'est la voiture pour aller faire les courses en ville, ce sont des soirées entières à s'amuser autour du baby-foot. Et Internet pour voir la frimousse du p'tit dernier, au loin. Le foyer ouvre ses portes à chaque escale de cargo, deux cents fois par an !

« Pas prioritaire ? »

Mais il y a un autre chiffre, hélas : 9 000 €. A ce jour, il manque 9 000 € à l'association pour boucler son budget. Essentiellement le paiement des charges sociales de l'unique salariée. C'est récurrent. Et rageant, disent les bénévoles. Qui en ont assez d'alerter le monde portuaire sur la fragilité de leur association.

La commission de bien-être des gens de mer devait améliorer la situation. Hélas, elle est au point mort depuis sa création en juin dernier. Ces commissions portuaires, initiées par le ministre Borloo, ont pour but, stipule le décret ministériel, « d'examiner l'adéquation aux besoins des gens de mer des moyens et services mis à leur disposition dans les ports ». En plus clair, que le foyer du marin puisse fonctionner valablement.

Marin'Accueil aimerait que la commission locale passe de la théorie à la pratique. « L'accueil des marins, ce n'est pas un dossier prioritaire, lance Emmanuelle Trocadéro. Chacun se renvoie la balle. » Quand il s'agit de parler d'argent, personne ne se précipite au portillon.

Une contribution pourrait être perçue sur chaque escale de navire. « Imaginez 50 € payé par chacun des deux cents navires qui escalent à Lorient, ça fait tout de suite une petite somme », calcule Emmanuelle Trocadéro. 50 €, c'est peu, comparé aux 180 000 € facturés pour une escale de cargo de soja. Mais en de temps de crise, un sou est un sou.

Marin'Accueil aimerait que ce financement, proposé au plan national par la Fédération des associations d'accueil des marins, soit rendu obligatoire. La tâche reviendrait au sous-préfet, selon Emmanuelle Trocadéro. « C'est le président de la commission de bien-être, il en a donc le pouvoir. » Pas sûr du tout, dit-on aux Affaires maritimes chargées du dossier par la sous-préfecture.

La décision de modifier les taxes portuaires reviendrait à la Région Bretagne, propriétaire du port de commerce. « On étudie la demande de subvention de Marin'Accueil, mais c'est tout », commente-t-on à Rennes. Mais pas de débat sur une éventuelle et nouvelle taxation d'escale. Contactée, la chambre de commerce et d'industrie du Morbihan, qui gère le port de commerce, n'avait toujours pas répondu à notre question hier soir. Le foyer, lui, était ouvert jusqu'à 22 h.

Charles JOSSE.
Ouest-France

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