lundi 19 avril 2010

Touristes. Comment les attirer ?

18 avril 2010 -

La Bretagne perd des touristes. Depuis plusieurs années, ils sont chaque année de moins en moins nombreux. Comment les reconquérir alors que la concurrence entre les destinations est de plus en plus forte? Pas simple mais la Bretagne ne manque pas d'atouts.

Ce n'est certes pas une hémorragie mais la tendance est bien réelle. En une dizaine d'années, la Bretagne a perdu environ 15% de nuitées. «Depuis l'Erika, il y a une lente érosion», constate Dominique Prunier, le directeur de l'office de tourisme de Binic (22). Conséquence, la Bretagne est passée du 2eau 4erang des régions touristiques françaises et n'est plus la première pour les voyages à la mer des Français. Les étrangers, notamment les Britanniques, contribuent également pour une bonne part à cette érosion. Entre2008 et2009, la baisse des nuitées étrangères a été de près de 8%.

Notre combat n'est pas le prix

La faute sans doute à plusieurs étés pourris consécutifs mais pas seulement. Expliquer la baisse de fréquentation touristique par le seul facteur climatique serait un peu trop facile. Posons la question d'emblée: la Bretagne est-elle suffisamment réactive face à l'évolution des nouveaux modes de consommation touristique et au développement des destinations low-cost? «Aujourd'hui, il faut une vraie adaptabilité. Il faut même être capable d'anticiper les nouveaux modes de consommation. C'est là qu'est toute la difficulté», reconnaît Dominique Prunier. Mais faut-il pour autant chercher à concurrencer des destinations comme la Tunisie ou le Maroc? «Ce ne sont pas des destinations comparables à la Bretagne. On n'a pas la même organisation touristique, notre combat, ce n'est pas le prix, on ne peut pas rivaliser avec le Maroc ou la Tunisie», répond Frédéric Paul, directeur de l'office de tourisme d'Arzon (56). Trop chère la Bretagne? «Ça dépend par rapport à quoi. Chez nous, il y a beaucoup d'animations gratuites», répond Murielle Joly, la directrice de l'office de tourisme de Plouescat (29). Pour Philippe Le Roy, directeur de celui de Roscoff, tout dépend de ce que l'on compare: «Si c'est entre une pseudo offre de thalasso qui en fait est un spa et une vraie thalasso, la Tunisie est effectivement moins chère».

Proposer de vraies expériences

Pour Frédéric Paul, «les touristes sont même prêts à dépenser plus mais à condition qu'ils puissent vivre une vraie expérience pendant leur séjour. Il faut travailler sur l'expérience que procure le séjour». Développer ce genre de prestations insolites, c'est notamment l'objectif du réseau «Sensation Bretagne» (ex-Nouvelle Vague) qui regroupe 19 stations littorales. «Ce sont des séjours qualitatifs avec un cahier des charges très singulier», explique Dominique Prunier. Exemple: dans le cadre d'un court séjour, il pourra être proposé une ou deux nuits sur un bateau classé monument historique. Un réseau qui travaille aussi beaucoup sur les animations gratuites, cela pour répondre à la demande d'une clientèle qui reste majoritairement familiale. Sans oublier la qualité du service. «On doit tendre vers le zéro défaut», ne craint pas de dire Frédéric Paul. «C'est ce qui nous permettra d'émerger. C'est vraiment indispensable».

«Des outils de conquête»

Dans cette économie touristique en plein bouleversement et avec un comportement de la clientèle qui est de plus en plus imprévisible - aujourd'hui personne n'est capable de dire si la saison se présente bien ou pas - les acteurs bretons du tourisme restent optimistes. «On a une chance, c'est la marque Bretagne. C'est une région qui parle au public», souligne Frédéric Paul. Une marque sur laquelle s'appuie résolument l'Anglo-Irlandais Mickaël Doods, le nouveau directeur du comité régional du tourisme avec la volonté d'un positionnement beaucoup plus clair. «On est en train de mettre des vrais outils de conquête en place». Ils seront dévoilés à la mi-mai.

* Yvon Corre

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