Syndicat Maritime Bretagne -
Océans
Lorient le 14 novembre 2014
Monsieur François GOULARD
Président du Conseil Général du Morbihan et ses
conseillers.
Hôtel du département
2, rue de Saint – Tropez
B.P 400, 56009
Vannes Cedex.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les conseillers,
Dès
avril 2009, après avoir pris connaissance des résultats financiers
catastrophiques de la Compagnie Océane, je me suis adressé à Mr Joseph
Kergueris, alors Président du conseil Général pour l’avertir des lourdes
conséquences que ces résultats impliquaient pour les personnels de
l’entreprise. Une perte minimum de 1400 euros annuelle par employé était alors
constatée et une dizaine de personnes avaient, de leur « plein gré »,
c’est comme ça chez Véolia, décidé de quitter la Compagnie
En
avril 2009, c’est à vous, Monsieur le Président, que je me suis adressé pour
dénoncer la sous-traitance à des Compagnies « amies de Véolia » de
certains services prévus dans la délégation de service publique des îles du
Morbihan Vous avez alors fait le choix de me faire répondre par l’un de vos
fonctionnaires, l’un de ceux qui, depuis des années, soutiennent, approuvent et
participent par ignorance aux décisions d’un délégataire qui n’a jamais su
faire la différence entre un chef de gare et un chef de quart !. Le
maritime représente pour Véolia ou Transdev un terrain de jeu financier au même
titre que le ferroviaire le métro ou le bus.
Septembre 2012 enfin, Véolia met en vente la Compagnie Océane ! Rien
que ça !, nul ne saura jamais ce qui aura conduit le groupe à revoir cette
décision…
Tout au long de ces sept années, les personnels
auront dû faire face aux plaintes et récriminations des clients et des usagers
tout en étant dans l’obligation de placer les produits dérivés imaginés par un
service marketing singulièrement silencieux lorsqu’il faut aujourd’hui, vendre
de merveilleuses cartes d’abonnement qui doublent le prix des traversées.
Courber le dos, baisser les yeux, raser les murs, voici ce qui est
aujourd’hui imposé aux personnels de la Compagnie Océane qui se retrouvent
seuls à devoir assumer les décisions que vous voulez prendre sur les conseils
d’une chambre régionale des comptes aux ordres et d’un délégataire qui n’aura
su en sept ans que couler une entreprise par son incapacité à gérer sainement
l’exploitation de nos lignes tout comme celle de la Corse…
Monsieur le Président, chacun s’accorde à dire
aujourd’hui que vous êtes un fin manœuvrier, le marin que je suis sait bien
pourtant que la manœuvre n’est qu’une partie de l’expédition maritime, la plus
visible et la plus périlleuse certes, mais pas la plus importante. La vie d’un
service maritime délégué se construit au jour le jour et le moins que l’on
puisse dire est que vos services ont failli dans le contrôle des délégations
successives. Vous voici donc contraint, à vous en croire, à entreprendre une
manœuvre d’urgence pour redresser une barre que vous avez confiée à des marins
d’eau douce, à moins que ce ne soit à des pirates.
Votre dernière manœuvre consiste aujourd’hui à laisser pourrir une
situation dans laquelle les personnels de la Compagnie Océane se retrouvent
seuls à affronter la colère justifiée des insulaires. Seuls, car
les « capitaines d’industrie » qui vous soufflent à l’oreille
des grilles tarifaires « magiques » ont laissé aux équipages des
gares et des navires le soin de gérer une crise qu’ils ne peuvent que subir. Aux
marins de glisser en douce des billets gratuits aux passagers qui n’ont pu
accéder aux gares maritimes ; aux personnels des gares de surveiller nuit
et jour les grévistes de la faim et à eux tous d’affronter dans leur vie de
tous les jours les reproches des usagers que les responsables se gardent bien
de rencontrer.
Monsieur
le Président quelles que soient les décisions que vous serez amené à prendre
dans les jours qui viennent, sachez que le Syndicat maritime Bretagne CFDT ne
laissera pas les salariés de la Compagnie Océane en assumer seuls les
conséquences. Il apparait clairement aujourd’hui que le dossier de la future
DSP est « mal ficelé » et que les dernières mesures que vous annoncez
le sont dans une urgence qui méconnait les réalités insulaires.
Je vous exhorte donc à prendre en
compte les demandes et argumentations qui vous sont régulièrement apportées
afin de trouver une issue honorable à ce conflit, faute de quoi, il ne me
restera plus qu’à appeler les personnels de la Compagnie Océane à une grève
générale afin qu’ils ne soient plus les seuls à assumer les conséquences de vos
choix et du silence coupable des dirigeants de la Compagnie.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Conseillers, le Syndicat Maritime Bretagne-Océans
CFDT attend vos réponses et reste disponible pour une rencontre lors de
laquelle nous pourrons, par notre connaissance des lignes et des services, vous
apporter un éclairage que vos services ont toujours refusé de prendre en compte.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président,
l’expression de mes respectueuses salutations.
Claude Huchet,
Secrétaire Général
du Syndicat Maritime Bretagne- Océans CFDT.