dimanche 26 août 2012
samedi 11 août 2012
Syndicat Maritime Bretagne
Lorient le 25 juillet 2012
L'arbre qui cache la forêt.
Dans un premier temps la Commission européenne a abordé
le sujet des espèces de grands fonds en Atlantique Nord-Est, en argumentant sur
la disparition de ces espèces en raison de leur lenteur extrême à se
reproduire, au regard de la prétendue pression de pêche dont elles étaient la
cible.
La
profession et les armements concernés ont, bien évidemment, accédé aux
nouvelles exigences et consenti à mettre en vigueur une réglementation
rigoureuse complémentaire, restreignant en conséquence sévèrement son activité.
Cet
angle d'attaque s'étant avéré insuffisant pour mettre à genoux les armements
concernés, la Commission a changé de braquet et choisi de dénoncer la destruction
des fonds marins et des écosystèmes, qui résulte selon elle de cette pêche.
C'est ainsi que le 19 juillet dernier un texte a été signé condamnant à court
terme, échéance 2 ans, la pêcherie de grands fonds.
La
position de la France, qui avec l'Espagne et le Portugal est concernée par
cette menace, est consternante, d'autant qu'elle a été prise par l'ancien
Ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Michel Barnier, qui lui-même a eu à
défendre cette pêche lorsqu'il représentait bravement les couleurs de notre
profession à Bruxelles. Enfin c'est ce qu'on nous a dit... Dans un premier
temps, l'ancien ministre, aujourd'hui Commissaire Européen au Marché Intérieur,
a eu quelques scrupules à accepter l'accord, puis l'a signé le jeudi 19 ! Que
s'est-il passé entre temps ? Sous quelle pression... a-t-il finalement accepté
de faire une croix sur les pêcheurs de sabre et de grenadier ? Comment, alors
que le Ministre français en charge de la Pêche campe farouchement sur sa
position de défense, un Michel Barnier ancien défenseur des pêcheurs peut-il
nous lâcher aussi lamentablement ? Souhaitons que, d'une part la concurrence
politique n'en soit pas la cause et que d'autre part notre ministre et nos
députés européens fassent preuve de plus de ténacité pour les échéances à
venir.
Mais
qu'on ne s'y trompe pas ! L'appétit vorace de la commission ne peut se
contenter de cette seule perspective ! Un coin est mis ! Et c'est l'activité
totale du chalut qui est menacée à terme. Les arguments mis en avant cette fois
ne concernent plus directement les espèces mais aussi les fonds marins. Et le
chalut profond n'a pas pour nous la même résonance que pour la commission !!!
Il
ne faut pas se laisser bercer par le chant des sirènes et continuer à penser
que la fin de l'activité du copain ou du concurrent ne menace que lui. Non,
chaque bataille remportée par la Commission Européenne renforce ses certitudes
et sa dictature, et ainsi constitue une remise en cause de votre métier. Depuis
tant d'années, quel exemple avons nous pour dire que ce métier a connu des
décisions en mesure de le valoriser et de le dynamiser ? Les efforts de chacun
ne sont couronnés d'aucun répit, il en faut toujours plus ! Bien sûr la
tentation de certains peut être grande de se réjouir de ces décisions. Cependant,
il ne faut pas être naïf mais garder à l'esprit que seule une réelle solidarité
peut nous préserver d'une remise en cause des équilibres entre les métiers.
Comment
expliquer que Madame Damanaki, telle un monarque papillonnant dans sa cour
d'environnementalistes, n'ait aucun état d'âme à condamner cette pêche, alors
même que les scientifiques dont les études n'ont pas encore abouti, n'ont
aucune certitude sur ce sujet. Il est vrai que, depuis que certains d'entre eux
ont une attitude plus modérée nous concernant, ils ne sont plus dignes de foi
et leurs études ne sont plus considérées comme des références aux yeux de la
Commission ou des ONG. Car, à la différence de la Commission, ils reconnaissent
et encouragent, non seulement les efforts consentis, mais aussi constatent les
conséquences bénéfiques de ces nouveaux comportements des pêcheurs.
Comment
au fil du temps, en sommes nous arrivés à accepter sans broncher que cette même
Commission ait totalement perdu toute objectivité et prenne systématiquement
fait et cause pour tout ce qui peut être en capacité de nous nuire ? N'est ce que
cela l'Europe ?
Comment
expliquer un tel acharnement sur une pêcherie qui permet à quelques uns de
tirer leur épingle du jeu dans ce marasme que connaît notre secteur d'activité
? Mais au delà de ce contexte, comment comprendre que dans la situation globale
de crise en Europe, on puisse froidement foutre en l'air d'un revers de main,
autant d'emplois en un trait de crayon ? Au nom de quoi peut on se payer
un tel luxe ? Quelle reconversion va t'on cette fois nous proposer ? Le secteur
des pizzaïolos doit saturer depuis le temps ! Quel secteur d’activité, à
l’heure actuelle, peut-il offrir autant d’emplois de substitution ? Et
reconvertir un pêcheur n’est pas si simple, avant d’être pêcheur il faut être
marin.
Madame
Damanaki ferait bien de revenir sur terre et modestement tenter de reconsidérer
la question sous un autre angle. Il est à parier que dans son propre pays, si
elle prend le temps de regarder autour d'elle, les exemples de misères ne
manquent pas. Lorsque l'on se trouve à un tel poste de responsabilités, on n'a
pas le droit de se laisser embarquer dans de tels délires, la Raison doit
l'emporter. Les décisions doivent être soigneusement pesées en tenant compte de
l'ensemble des conséquences et le feeling ne peut suffire. Son Credo ne peut
avoir pour conséquence celui de détruire des centaines d'emplois, directs et
induits. Ce n'est pas imaginable de la part d'une femme qui a connu un tel
passé, de mettre en oeuvre une politique aveugle de destruction, dans une
Europe exsangue et en révolte de surcroît. Gageons que si elle acceptait de
revoir ses dogmes, son ego ne s'en porterait que mieux.
Sylvie ROUX,
Secrétaire
Nationale Pêche CFDT.
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