dimanche 2 octobre 2011

Coup de tabac sur les liaisons vers les îles


Session du conseil général. Nombre de passagers en baisse, risque de diminution des rotations, un seul bateau vers Groix cet hiver : la Compagnie Océane a été malmenée hier par les élus.
Deux pétitions différentes signées par des centaines de passagers depuis ces derniers mois, une délégation de Groisillons reçue récemment au conseil général, des chiffres de fréquentation à la baisse entre 2009 et 2010, tant pour Groix (-14,6 %) que pour Houat et Hoëdic (-13,8 %), voire Belle-Ile (-1 %) : la desserte des îles du large a suscité un vif débat hier au conseil général à Vannes. Les difficultés financières que connaît la Compagnie Océane, en charge de ce service par délégation depuis 2008 pour une durée de sept ans, ont été évoquées. « Ses recapitalisations en 2008 et 2010, respectivement de 2,5 et 1,5 millions d'euros, par sa société-mère Véolia Transport, n'ont pas permis de revenir à l'équilibre. En 2010, le déficit de 837 000 € vient encore dégrader la structure financière déjà fragile », souligne Gérard Le Tréquesser, l'élu en charge de la mer au conseil général.
De longs travaux au port de Groix et une mauvaise météo pour les vacances pourraient expliquer ce recul des passagers. Mais plus inquiétant est le taux moyen de remplissage des navires pour l'ensemble des îles : ils sont inférieurs à 30 % à l'année.
Service public
La Compagnie Océane a donc décidé pour cet hiver de réduire ses frais en ne faisant naviguer qu'un bateau vers Groix. D'où la colère de ces îliens, relayée hier par leur conseillère générale, Denise Guillaume : « C'est un ras-le-bol qui s'exprime. Nous savons que ces liaisons sont déficitaires mais Groix ne doit pas être le parent pauvre. C'est le maintien d'une vie économique, de l'emploi qui est en jeu. Le Département avait voté la construction de deux sisterships type Bangor afin que ces bateaux soient interchangeables et que les îles se dépannent entre elles. Cette construction est indispensable. Cet hiver, il n'y aura pas de remplacement si le navire a une avarie. La solution qu'on nous propose à chaque fois est L'Acadie, un bateau de 40 ans peu confortable sur lequel les personnes âgées et handicapées ne peuvent accéder au salon passagers et aux toilettes ! »
Élu de Belle-Ile, Yves Brien a enfoncé le clou : « Réduire les frais en diminuant le nombre de liaisons serait une erreur car il en va du maintien des populations sur les îles. Ces liaisons sont considérées comme un service public. Mais c'est aussi un service touristique qui a des retombées sur l'ensemble du territoire et c'est enfin une source d'emplois permanents et saisonniers sur le littoral. Sans oublier que le personnel ne doit pas non plus faire les frais de ces déficits chroniques. »
Le président François Goulard s'est voulu rassurant : « C'est en effet un service public qui se conçoit à l'échelle du Morbihan. Quelles que soient les difficultés financières, il n'y aura aucune interruption de ces liaisons. »
Comme pour concrétiser son intervention, il a fait voter dans la foulée la modernisation du navire Saint-Tudy. A partir de la fin octobre, les deux moteurs et le propulseur de ce bateau, mis en service en 1985, seront changés pour 1,3 million d'euros, financés par le Département. Pour autant, aucune solution n'a été avancée pour améliorer la desserte de Groix cet hiver.
Patrick CERTAIN.

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